622                MEMOIRES DE PIERRE DE LESTOILE.
les semaines. Ce qui leur estoit baillé par les agens l'Espagnol qui estoient ici, suivant un rolle particu­lier : tellement qu'en chaque rue ils avoient des gens qui tenoient résolument et opiniastrement leur parti.
Ce jour, Guarinus-corrigeant un peu ses plâidoiers à la requeste du légat, touchant ceux de la justice, maintinst de faux ce qui estoit tres vrai, et qui se pou­voit tesmoingner par tous ceux qui assistoient à ses sermons ; tellement que mettant un peu la justice à part, il se desgorgea contre le Bearnois, duquel H dit pis qu'il n'avoit jamais fait, le chargeant d'injures, comme il eust fait le plus meschant garneihent et vil faquin de la terre.
Le lendemain, qui estoit le dimanche 13 de ce mois, où il se fist procession, il dist encore pis; prescha que celui qui avoit tué le feu Roy, qui estoit Un vrai tiran, devoit estre annobli avec toute sa race; qu'il avoit fait un acte plus genereux que Judith, qui tua Holdferne; qu'il faloit nécessairement se desfaire de cestuici ; qu'il estoit permis de ce faire, « et que c'estoit un œuvre trés « saint, héroïque et louable. » Demanda s'il se trouve­roit point quelque homme qui le voulust entreprendre; que de lui, il pourroit bien asseurer césttti-là, quel qu'il fust, d'aller en paradis, et tenir le lien lé plus pfroche de Dieu en sa gloire. Brief, ce sermtni', où j'estois, ne fust qu'une continuelle exhortation de tuer le Roy, avec grandes promesses recompense én ceste vie et en l'autre, à quiconque»le vouldroit entreprendre.
Ce dimanche pendant la procession, oïl trouva semé en divers endroits de la ville le billet suivant :
« Mes amis et bons François, vous savez que la
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